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5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 20:45
Nestor Makhno en 1921

Nestor Makhno en 1921

Nestor Makhno est un jeune anarchiste , fils de paysans pauvres, qui au lendemain de la Révolution d'Octobre, organisa de façon autonome , à la fois socialement et militairement les masses paysannes du sud de l'Ukraine. 

Tout  commença avec l'établissement en Ukraine , d'un régime de droite imposé par les armées d'occupation allemande et autrichienne et qui s'était empressé de rendre à leurs anciens propriétaires les terres que les paysans révolutionnaires venaient de leur enlever. Les travailleurs de la terre défendirent leurs toutes nouvelles conquêtes les armes à la main, à la fois contre la réaction que contre l'intrusion intempestive dans les campagnes des commissaires bolcheviques qui pratiquaient de lourdes réquisitions.

S'en suivit une vaste jacquerie doublée d'une guerrilla à la tête de laquelle se trouva une sorte de Robin des Bois anarchiste , surnommé Bakto ( père ) Makhno par les paysans. L'armistice du 11 novembre 1918 amena le retrait des forces d'occupation germano-autrichiennes et offrit simultanément à Makhno une occasion unique de constituer des réserves d'armes. 

Les congrès de la makhnovstchina regroupaient des délégués des paysans et des délégués des guerriers. En effet , l'organisation civile était le prolongement d'une armée insurrectionnelle paysanne, pratiquant la tactique de la guerrilla. Elle était remarquablement mobile , capable de parcourir des centaines de kilomètres par jour , non seulement grâce à sa cavalerie , mais également grâce à son infanterie qui se déplaçait dans de légères voitures hippomobiles. Cette armée était organisée sur les bases , spécifiquement libertaires, du volontariat , du principe électif, en vigueur pour tous les grades et de la discipline librement consentie: les règles de discipline , élaborées par des commissions de partisans , puis validées par des assemblées générales, étaient rigoureusement observées par tous . L'honneur d'avoir anéanti en automne 1919, la contre-Revolution de Denikine revient principalement à ces insurgés anarchistes. 

Pour la première fois dans l'histoire , les principes du communisme libertaire furent mis en application dans l'Ukraine libérée, et l'autogestion pratiquée,  dans la mesure où les circonstances de la guerre civile le permettaient .Les terres disputées aux anciens propriétaires fonciers furent cultivées en "communes" ou "soviets de travail libres" . Les principes de fraternité et d'égalité y étaient observés. Tous hommes, femmes, enfants devaient travailler dans la mesure de leurs forces. Les camarades élus à titre temporaire , dans des fonctions de gestion, reprenaient ensuite leur travail habituel aux côtés des autres membres de la commune. Chaque soviet n'était que l'exécuteur des volontés des paysans de la localité qui l'avait élu. Les soviets étaient intégrés dans un système économique d'ensemble , basé sur l'égalité sociale. Ils devaient être absolument indépendants de tout parti politique. Aucun politicien ne devait y dicter ses volontés sous le couvert du pouvoir soviétique.

Pour les partisans de Makhno , "la liberté des paysans et des ouvriers appartient à eux-mêmes et ne saurait souffrir aucune restriction. C'est aux paysans et aux ouvriers eux-mêmes d'agir , de s'organiser , de s'entendre entre eux dans tous les domaines de leur vie, comme ils le conçoivent eux-mêmes et comme ils le veulent." Les makhnovistes ne peuvent que les aider , leur donnant tel ou tel avis ou conseil ; mais ils ne peuvent ni ne veulent en aucun cas les gouverner.

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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 22:17
Octobre rouge

Les murs de la salle haute étaient couverts d’un velours cramoisi qui ramena Alexandre un demi-siècle en arrière. Ce jour là le Parti avait organisé un banquet pour célébrer les trente ans de la révolution d’octobre. Derrière la tribune se détachaient , sur fond du drapeau monochrome de l’URSS, les fiers portraits de Marx, Lénine et Staline. Le camarade Lomonossov de la section de Kazan et le directeur du kolkhoze venaient d’achever leurs discours rendant hommage aux travailleurs qui venaient de dépasser les objectifs de production de tomates, quand soudain une ambulance des pompiers pénétra à vive allure dans la cours du château. Elle s’arrêta au pied du haut mur de briques, vestige du donjon incendié durant la grande guerre patriotique. Le chauffeur actionna un court instant la sirène de la camionnette. Aussitôt le chef de cuisine et son aide sortirent pour ouvrir la porte arrière du véhicule. Ils en extrairent la dépouille de quatre chevreuils et d’un cerf. Un filet de sang s’écoulait de la gueule du cerf qui fut aligné sur le gravier blanc de la cour au côté des autres pièces du massacre aux pelages maculés de grenat. Lomonossov fit prendre une photo par le commissaire politique dont la vareuse grise était curieusement ornée d’un œillet à la boutonnière, vestige d’une coquetterie bourgeoise. Trois heures plus tard la venaison était servie avec un bortsch, aux cent convives réunis pour l’occasion. Un vin de Georgie  accompagnait ce jour-là le festin.

Alexandre avait depuis longtemps quitté les jeunesses communistes. Pourtant le goût des cerises confites dans l’alcool servies lors de ce banquet lui revint à la bouche. Aujourd’hui il était venu avec dans son attaché-case une sélection de rubis ramenés d’Afghanistan. Tout ce qui restait de son butin de guerre. Son acheteur était un vétéran de la Royal Navy qui avait accroché un coquelicot à son béret. Avec les 30.000 $ convenus, il lui remit une bouteille de cherry. Au loin le soleil se couchait sur le cours de la Volga. Il aurait voulu pouvoir pleurer comme lorsqu’il du quitter Kandahar.   

Octobre rouge
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17 avril 2018 2 17 /04 /avril /2018 21:18
Jardin de granit

De part et d’autre de l’entrée, deux petits massifs d’anémones orange couronnées de primevères accueillent le visiteur. Le chant des merles trouble à peine de silence du lieu. Ils restent invisibles dans les pins animés par une légère brise. Je longe l’allée plantée d’arbres qui me conduit au carrefour où se trouve une fontaine publique en fonte verte. L’eau résonne contre la tôle galvanisée de mon arrosoir.

Sur ma gauche, un homme est penché sur une vasque de terre cuite. Le cliquetis de son sécateur ôte des fleurs confites par le gel. Il balaye quelques aiguilles de pins accumulées dans l’ornière délimitant son carré.  Muni d’une éponge jaune, il frotte doucement la dalle de granit qui reste muette. Soudain son visage s’éclaire. Il redouble d’énergie comme s’il attendait une réponse à son geste polissant la roche plutonique.  La dalle semble un miroir l’attirant vers la croûte terrestre. Le reflet du quartz, du mica et du feldspath devient presque lumineux. Il prend un peu de recul pour mieux voir, puis se rapproche au plus près des cristaux. Sur certains d’entre eux il entrevoit les lettres d’un alphabet vibratoire. La mémoire, l’oubli et l’histoire comme réduites dans ce qui pourrait être les tessons d’une stèle. Il se redresse, puis lit les noms de ses aïeux gravés en doré. Derrière lui, une femme aux cheveux bouclés joue un air de flute. Son instrument est fait du cèdre rouge odorant dont regorgent les forêts pluviales de la côte pacifique.

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 21:15
Temps métallurgiques

Etait-ce une pièce d’argent antique, ou la trace d’une météorite sur une veine de fer ? Le bouton qu’elle déposa dans ma main évoquait les premiers temps métallurgiques. Il figurait ce qui remplacera les os polis pour clore les draps de laine épaisse des cabans bourgeois. Ce bouton était réparateur. Il faisait tenir ensemble deux pans de tissu que les mouvements de la vie et du vent s’obstinaient à séparer. Quelques fils vert sylvestre étaient encore attachés à son dos. Ils rappelaient sa vocation indéfectible. Tantôt tenir ensemble quand le froid est vif, tantôt dégager promptement quand la température monte. Le côté brut du matériau qui le composait, conférait au vêtement absent une solidité élégante de bon aloi. Il devait vous mettre à l’aise aussi bien sur les chemins creux que sur les grandes avenues inondées de lumière.

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 21:06
4 Août 1889

Une tunique bordée de jais, une jupe en organdi aux rayures bayadères, c’est ainsi vêtue qu’Emilie Montet elle se rendit à la manufacture de mousseline qui longeait la Turdine. Au cœur de l’été, il n’était pas question pour elle que les eaux de la rivière soient encore détournées par le bief, privant le moulin des flots nourriciers.

Des rubans de velours cramoisi  venaient d’être livrés dans le hall de la teinturerie. Mr Puissant les réceptionnait, son monocle argenté rivé à l’œil. Les rubans étaient extraordinaires de texture, de reflets. La trame avait été tissée avec doigté, et au-dessus de celle-ci, les motifs initialement plats, et ternes avaient été rasés, "sabrés" d’une main aussi patiente qu’experte.

Emilie se planta  devant l’homme et lui tendit un mouchoir de soie grège. « Essuyez-vous le front avant de m’expliquer comment vos ouvrières mangerons du pain cette semaine si le meunier ne peut pas travailler ? »

Mr Puissant saisit le carré brodé des lettres EM et lui répondit : « Aujourd’hui, elles auront de la brioche, arrosée d’un coulis de framboises passé dans la mousseline la plus fine de nos ateliers. ». C’est ainsi que les révolutions sont grandes.

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 21:03
Bouton ovale

Bouton ovale

Je l’ai trouvé sur les marches en sortant de la station de métro. Un gros bouton comme ceux  des  brandebourgs de duffle-coats. Son aspect de picholine  chocolatée m’attira. Je le glissai dans ma poche.

Je me rendais au théâtre pour entendre un ouvrier tchèque qui avait passé trente-cinq ans à pilonner des ouvrages interdits.[1]

Au retour, le métro s’arrêta à la station «  Stade de Gerland ». Cinq robustes jeunes femmes en short bleu pénétrèrent dans la rame. Leurs chaussures à crampons étaient accrochées aux épaules et leurs mollets terreux. Aucune des joueuses de rugby ne portaient de vêtement boutonné.

 

[1] Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, Robert Laffont, 1983

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 21:00
L’œil de tigre

Mon père réservait chaque année trois demi-journées pour rendre visite à son tailleur et à son chemisier. Curieux de la fabrication de l’homme urbain, je l’accompagnais.

Le tailleur lui rendait compte de ses dernières trouvailles auprès de tisseurs flamands ou anglais. Un prince de Galles avec une trame bleu cobalt, un tweed à chevrons  aux couleurs chatoyantes, ou à pieds de poule en cheviotte aux reflets de  tourbe. Mon père touchait les échantillons pour en éprouver la résistance et la douceur. Il les exposait à la lumière de la rue pour en apprécier les couleurs en plein jour. Ma mère nous accompagnait en restant le plus souvent silencieuse, tant elle connaissait l’extrême attention que son époux apportait à ses choix vestimentaires. L’affaire était conclue par la coupe d’un métrage obtenu grâce à une règle en bois dont les extrémités carrées étaient recouvertes de capuchons en cuivre. Papa confirmait la qualité de l’entoilage de la veste et du pantalon proposée par le tailleur,  ainsi que ses mesures en trente points que celui-ci conservaient sur une fiche en carton jaune. Le prochain rendez-vous sera consacré au premier essayage. C’est à cette occasion que mon père se rendrait, toujours en ma compagnie chez Mr Candy qui lui confectionnait ses chemises.

L’atelier du chemisier était à quelques pas de celui du tailleur dans le quartier de la Guillotière, près de la place du Pont. Mr Candy portait ce nom évocateur du sucre en cristaux de grande taille qui adoucissait les tisanes de quatre fleurs que ne préparait ma mère.  Son épouse semblait à une belle odalisque blonde. Son sourire carmin flottait au-dessus de la caisse enregistreuse National en bois plaqué. Papa préférait les popelines en longues fibres de coton d’Egypte aux tissus américains de flanelle. Il faisait broder ses initiales en lettres majuscules discrètes. La question du nombre de poignets mousquetaires par chemise était toujours posée après que de gros ciseaux d’acier à bouts ronds aient tranché la toile choisie. Mon père imaginait d’avance quels boutons de manchettes, il porterait avec quelle chemise. Ma préférence allait à ceux en œil  de tigre.   

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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 17:41

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A propos de

Ivan Jablonka

Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus

Edition du Seuil, Paris, Janvier 2012

 

Sur les traces de ma grand-mère paternelle que ni mon père, ni moi-même n’avons connue, j’ai lu cette œuvre qui n’est pas un roman mais une enquête. Il me sert de vade-mecum méthodologique. Les seuls éléments dont je disposais sur ma grand-mère paternelle étaient les suivants : née à Mercier-Lacombe (Algérie) en 1907, elle s’est mariée à mon grand-père en 1926, et a donné naissance à mon père à Kenitra (Maroc) en 1927. Ensemble ils ont séjourné autour de 1930 à Marrakech où mon grand-père était ingénieur des chemins de fer. Elle a ensuite disparu sans donner de nouvelles ni à mon grand-père ni à mon père jusqu’à son décès à Clichy la Garenne en 1961 année de ma naissance. Certains témoins disent l’avoir rencontrée en Indochine Française en compagnie d’un aviateur.

Ivan Jablonka, professeur d’histoire à l’université de Paris XIII, s’est mis sur la trace de ces grands-parents paternels qui ont disparu sans rien laisser derrière eux, sinon deux orphelins, quelques lettres et un passeport.

Sa grand-mère va à l’école polonaise de Parczew en 1922, elle est condamnée à cinq ans de prison en 1935.En 1940, elle berce son père dans ses bras de yidiche mamé, et en 1943 elle confie à un voisin de Ménilmontant ses deux enfants qui échappent ainsi au convoi n°49 de Drancy à Birkenau. Malgré de maigres archives familiales, les grands parents de l’auteur ont donné naissance à d’abondantes archives en Pologne et en France. Autant de traces liées aux multiples formes de répressions qu’ils ont subies comme communistes en Pologne, étrangers illégaux dans le Paris des années 1930, comme juifs sous l’occupation nazie. L’auteur a également rencontré une vingtaine de témoins en Europe, en Argentine, aux Etats-Unis, en Israël.

Ivan Jablonka nous rapporte ceci : « Je crois que je suis devenu historien pour faire un jour cette découverte. La distinction entre nos histoires de famille et ce qu’on voudrait appeler l’Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n’a aucun sens. C’est rigoureusement la même chose. […] Faire de l’histoire c’est prêter l’oreille à la palpitation du silence, c’est tenter de substituer à l’angoisse, intense au point de se suffire à elle-même, le respect triste et doux qu’inspire l’humaine condition. » (pp.164-165). Plutôt que d’opposer mécaniquement l’imaginaire et le monde, la fiction et la réalité, Ivan Jablonka s’attache à tisser un réseau de correspondances entre l’esthétique et les idées qui animaient ses aïeux. Sur un fil de trame composé d’archives judiciaires, et de témoignages, il donne la parole aux autres, notamment aux vieux du shtetl de Parczew tiraillés entre la Pologne et l’URSS, aux policiers français zélés, aux soldats de la légion étrangère engagés du 5 au 8 juin 1940 dans la bataille de Soissons, aux enfants assistés placés dans la campagne bretonne, à tous ceux là-même qui ne répètent pas l’opinion courante.

Conscient que la somme de nos actes ne révèle pas ce que nous sommes, et que quelques actes épars de révèlent rien du tout, l’auteur nous fait part de ses certitudes comme de ses doutes, de ses intuitions comme de ses renoncements. Son travail exigeant n’oppose pas scientificité et engagement.

Ce livre est d’autant plus bouleversant que l’émotion ne provient pas du pathos, ou de l’accumulation des superlatifs sur la barbarie humaine, mais qu’elle jaillit de sa tension sans relâche de l’auteur vers la vérité. Un ouvrage qui m’a permis de sentir combien l’histoire plus que la généalogie, en assimilant des fictions, peut devenir une littérature contemporaine.

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 19:46

Sur un blog nous écrivons chacun les actions et mouvements de notre âme, comme pour nous les faire mutuellement connaître et soyons sûrs que par honte d'être connus nous cessons de pécher et d'avoir au coeur rien de pervers. Qui donc lorsqu'il pèche consent à être vu, et lorsqu'il a péché ne préfère pas mentir pour cacher sa faute ?

De même que nous ne forniquons pas devant témoin , écrivant nos pensées sur un blog comme si nous devions nous les communiquer mutuellement, nous nous gardons des pensées impures par honte de les avoir connues. L'écriture du blog remplace les regards des compagnons d'ascèse; rougissant d'écrire autant que d'être vu , gardons nous de toute pensée mauvaise. Nous disciplinant par l'écriture du blog , nous pouvons livrer le corps en servitude et déjouer les ruses de l'ennemi. L'écriture de soi pallie les dangers de la solitude; elle donne ce qu'on a fait ou pensé à un regard possible ; le fait de s'obliger à écrire joue le rôle d'un compagnon, en suscitant le respect humain et la honte : ce que les autres sont à l'ascèse dans une communauté , le blog l'est au solitaire. La contrainte que la présence d'autrui exerce dans l'ordre de la conduite , l'écriture l'exerce dans l'ordre des mouvements intérieurs de l'âme, en ce sens l'écriture de soi dans un blog est proche de l'aveu. Elle rejoint l'épreuve de vérité auquel nous invitait hier le confesseur.

 

[d'après Michel Foucault; L'écriture de soi in Dits et écrits IV,Gallimard, p 415-430] 

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 21:56

Surtout ne pas surestimer ce que j'ai écrit , cela me fermerait l'accès de ce que j'ai à écrire.

 

26 mars 1912

 

Kafka commence cette année là le roman Le Disparu ( Amérique) dont le premier chapitre ( le Chauffeur) paraitra en mai 1913

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